Notre lettre 1307 publiée le 20 novembre 2025
DES LAÏCS SEULS PEUVENT PRÉSENTER
L'UNIVERS TRADITIONNEL AU PAPE LÉON
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Depuis que la religion musulmane se déploie de façon exponentielle sur le sol hexagonal, force est de constater que la République Française éprouve les plus grandes difficultés à établir un espace constructif de dialogue avec l’Islam. Les diverses initiatives, tant sous l’ère Sarkozy que sous celle de Hollande ou de Macron, se sont conclues par des échecs plus ou moins cuisants. Bien sûr, la complexité organisationnelle de l’Islam n’y a pas été pour rien. Mais jusqu’ici, l’un des obstacles majeurs à la viabilité d’un authentique conseil représentatif des musulmans de France réside justement dans… son manque de représentativité. Quelle autorité peut avoir un Conseil Français du Culte Musulman ou tel projet de Comité National des Imams si aucun d’eux ne bénéficie d’une légitimité reconnue auprès de la majorité des croyants musulmans français ?
Alors que Léon XIV a évoqué, dans un entretien accordé à la journaliste américaine Elise Ann Allen et publié à l'été dernier (Léon XIV, Pape missionnaire d'une Eglise mondialisée, éditions du Rocher, Artège), la possibilité de recourir à la synodalité comme tentative de solution au problème, à la fois épineux et douloureux, des restrictions imposées à la liturgie traditionnelle, les spéculations vont bon train, depuis, pour ébaucher des perspectives concrètes d’apaisement liturgique. Les nouvelles normes établies en 2021 par Traditionis Custodes, cela ne fait plus mystère à personne à Rome comme dans l’univers catholique, loin de pacifier les cœurs, n’ont fait que semer le trouble chez un grand nombre de baptisés. Les décisions contenues dans ce texte, inutilement vexatoires et objectivement problématiques du point de vue de la plus élémentaire des charités, ont placé les responsables ecclésiastiques dans une situation inconfortable et parfois désagréable.
Pour les évêques, comment ne pas appliquer Traditionis Custodes sans paraître désobéissants à Rome ? Comment appliquer Traditionis Custodes sans avoir à persécuter bêtement des fidèles qui ne demandent qu’à vivre leur foi dans la liturgie ancienne ? Certains évêques se souvenant, en leur âme et conscience, de ce que Benoît XVI avait dit au sujet du rite tridentin : « Ce qui était sacré pour les générations précédentes reste grand et sacré pour nous, et ne peut à l’improviste se retrouver totalement interdit, voire considéré comme néfaste », ont très bien saisi que l’explication de ce changement de braquet relevait plutôt de la quadrature du cercle.
Pour les supérieurs des communautés dites encore Ecclesia Dei, on mesure sans peine la douleur de se voir frappés à nouveau de suspicion en catholicité, quand leurs énergies étaient, au contraire, offertes au service de l’Eglise. Comment critiquer ce texte sans jeter de l’huile sur le feu ? Comment rassurer les fidèles et préserver leur communion ? Comment, plus pragmatiquement, survivre tout court quand nombre d’évêques se montrent trop heureux d’appliquer Traditionis Custodes avec un zèle qu’on ne leur avait pas connu lors de l’application du Motu proprio Summorum Pontificum de Benoît XVI ?
Cependant, en matière de situation inconfortable et parfois désagréable, qu’il nous soit permis de l’écrire ici : les grands oubliés, ce sont les fidèles eux-mêmes. Depuis le début de la réforme liturgique et des graves soubresauts qui lui sont liés, les fidèles sont plongés dans un abîme d’incompréhension. Ici on permet l’indéfendable tandis que là on empêche le convenable. Ici, tel l’évêque affirme qu’il ne fait qu’appliquer les nouvelles normes (pour mieux s’empêcher d’agir avec cette authentique et noble liberté intérieure qui fait parfois se lever et dire « Non ! »), là tel prêtre Ecclesia Dei essaie de surnager en préservant l’édifice fragile de l’apostolat qu’il dessert. A quel prix ? Le plus souvent, en agissant la main sur le frein, de peur de voir son ministère interdit, par ordre express de l’évêché, pour excès d’initiatives ou débordement d’orthodoxie… Dans les deux cas néanmoins, ce sont les familles qui se trouvent prises en otage. Pour mieux dire, elles deviennent, à leurs dépens, les dindons d’une mauvaise farce faite de rapports de force déséquilibrés et de sensus fidei dévoyé.
Aussi, quelle ne fut pas la surprise pour beaucoup de fidèles attachés au rite tridentin de découvrir, en guise de dernière rumeur, qu’une délégation de pères abbés serait en cours de formation à l’initiative de l’éditeur du cardinal Sarah, M. Nicolas Diat, en vue de représenter l’univers traditionnel auprès du pape Léon XIV. Fontgombault, Triors, Lagrasse entoureraient ainsi le cardinal Sarah pour représenter les fidèles attachés à la forme ancienne en plus haut lieu ? Si chacun est tout-à-fait libre d’exprimer ce qu’il pense, et de proposer éventuellement des solutions au problème liturgique tel qu’il le voit, on s’étonne, dans le cas précis qui nous concerne, du procédé utilisé. En effet, s’il y a un mode de gouvernance tout à fait étranger aux réalités du monde actuel, c’est bien la vie religieuse. S’il y a bien aussi des îlots privilégiés qui n’ont pas vécu depuis Traditionis Custodes les vexations liturgiques que l’on connaît, ce sont ces abbayes. D’autant que, ces univers réguliers se montrent par leur histoire et par la personnalité actuelle de leurs pères abbés, davantage enclines à célébrer dans les deux rites qu’à prendre en considération les plaintes des fidèles « hors-clôture », privés de sacrements et enjoints à faire amende honorable de leur préférence liturgique… On a vu le père abbé de Fontgombault prendre publiquement position contre l’organisation des messes privées lors du pèlerinage Notre-Dame de Chrétienté quand ses sorties se font faites notoirement plus timides pour regretter le sevrage liturgique de la messe de saint Pie V mis en place dans de nombreux diocèses de France.
Depuis le début des travaux de Paix Liturgique, nous n’avons eu de cesse de redire et répéter que l’on ne peut comprendre le traditionalisme sans considérer qu’il est au départ, et encore actuellement, l’histoire d’une blessure et d’une injustice. Les fidèles attachés à la liturgie ancienne, il faut le dire, ont été brocardés sans ménagement, exclus, ridiculisés, caricaturés et finalement enfermés dans une réserve d’indiens, moyen par lequel les évêques de France et d’ailleurs pensaient régler le problème de la survivance du rite tridentin. Aujourd’hui, qu’en sera-t-il du vœu louable de Léon XIV de sortir par le haut de cette histoire douloureuse, dans et pour l’Eglise ? Soyons très clairs : cette sortie de crise réclame la prise en compte de cette réalité comme base de dialogue. Si les parties prenantes de ce dialogue synodal, tant du côté de l’institution ecclésiale que du côté de ces pères abbés, pensent préférable de placer un mouchoir pudique sur cette blessure et cette injustice originelles, alors l’amorce d’une sortie de crise en restera au stade du vœu pieu, comme depuis près de cinquante ans. Or, nous le savons, les vœux pieux ont cela d’exaspérant qu’ils sont toujours inutiles et qu’ils font perdre du temps.
Du reste, la question de la réforme liturgique est étroitement liée à celle d’un cléricalisme particulièrement détestable. Dans l’Eglise de France, à titre d’exemple, il existe un lieu de rencontre entre deux évêques représentants la CEF et les supérieurs des communautés sacerdotales traditionnelles. Il n’existe hélas aucun équivalent d’instance de dialogue officiel avec les laïcs engagés dans la défense de la liturgie traditionnelle. Serait-ce parce ces fidèles sont moins sujets à la peur ou aux pressions des autorités ecclésiastiques ? L’importance du rôle du laïc, pourtant mis en valeur dans les discours ecclésiaux contemporains, se trouve, en ce qui concerne les fidèles attachés à la messe traditionnelle, réduite à néant. Leur rôle est limité au fameux « Pray, Pay and Obey ». Funeste erreur de perspective ! La combativité des laïcs repose sur la nécessité absolue de transmettre la foi à leurs enfants.
Voilà pourquoi, parce que nous aimons l’Eglise (et nous n’avons bien évidemment par la prétention d’être les seuls !), nous aspirons à une vraie discussion entre les autorités romaines et des représentants qui incarnent véritablement l’écosystème traditionnel : c’est-à-dire des fidèles engagés au service de la transmission de la Tradition et de l’enseignement constant de l’Eglise. Nous sommes prêts à pardonner les abus de pouvoir et les méchancetés dont notre famille spirituelle a pu faire l’objet. En vérité, à l’école de Péguy, « nous n’avons pas le goût pour le métier des armes » et nous confions à Notre Dame nos aspirations « de grande paix et de désarmement ». Mais encore faut-il que nous autres, fidèles, puissions témoigner dans une sainte parrhèsia louée par le pape François lui-même, du concret de nos vies chrétienne de catholiques attachés aux pédagogies traditionnelles de la foi. Ces laïcs engagés, représentants la grande cohorte des silencieux attachés à la messe traditionnelle, pourront, sans peine aucune, et très respectueusement, évoquer les baptêmes interdits pour leurs enfants quand pourtant ils essaient de fonder des familles chrétiennes, parler des églises dont tel ou tel ecclésiastique refuse d’ouvrir les portes pour leur mariage quand elles sont ouvertes à des protestants ou à des concerts aux mélodies douteuses et aux textes irrévérencieux, raconter l’aventure des écoles qu’ils ont créées pour transmettre la foi à leur descendance, les sacrifices qui leur en coûtent et qui n’empêchent pas de voir la morgue épiscopale s’abattre sur eux, quand il ne s’agit pas d’une mauvaise foi éhontée. Oui, mieux que des pères abbés, ces fidèles du terrain qui ont les pieds dans la boue du monde, pourront témoigner aussi, de façon positive, de l’admirable rayonnement de la liturgie tridentine sur leur âme, celle de leurs amis et des convertis qu’ils constatent toujours plus nombreux et plus jeunes. Ces représentants laïcs de l’univers traditionnel, qui lancent des pèlerinages, fondent des écoles, créent des groupes scouts, des patronages, organisent des soirées de formation, proposent des conférences spirituelles, coordonnent des sessions de grégorien, se réunissent pour des maraudes, remplissent les veillées d’adoration, oui, ces fidèles engagés pourront montrer à la hiérarchie romaine, avec une documentation factuelle, l’étendue des contradictions qu’ils rencontrent dans leurs diocèses au seul motif de préférer l’écosystème traditionnel avec sa nourriture spirituelle exigeante, transcendante et cohérente.
Il y a, avec le pape Léon XIV, une raison extraordinaire d’espérer en la reprise d’un dialogue. Que les uns ou les autres souhaitent ou puissent s’exprimer est une chose. Que certains envisagent de représenter le tout, c’est prendre le risque d’une délégation escamotée, mais aussi – avec tout notre respect – déconnectée. Nous avons à cœur de ne pas perdre de temps, ce temps si précieux pour la paix liturgique. Pour sortir des a priori et de la langue de buis, on ne pourra échapper à un échange basé sur le réel et le quotidien des fidèles, avec la liberté de paroles qui leur est propre. Pourquoi donc ? Parce que cet échange du pape avec les fidèles du rang, du Souverain Pontife avec les petits de l’Eglise, sera le plus beau témoignage d’un père qui accepte d’écouter la souffrance de ses enfants pour mieux en établir le remède.
ONLY THE LAYPEOPLE ARE ABLE TO PRESENT
THE TRADITIONAL UNIVERSE TO POPE LEO
Since the Muslim religion has spread exponentially in France, it is clear that the French Republic is experiencing great difficulty in establishing a constructive space for dialogue with Islam. Various initiatives, under Sarkozy, Hollande, and Macron, have ended in more or less resounding failures. Of course, the organizational complexity of Islam has played a role in this outcome. In fact, until now, one of the major obstacles to the viability of a truly representative council for Muslims in France lies precisely in… its lack of representativeness. What authority can a French Council of the Muslim Faith or a proposed National Committee of Imams have if neither enjoys recognized legitimacy among the majority of French Muslim believers?
While Leo XIV, in an interview with American journalist Elise Ann Allen published last summer, alluded to the possibility of resorting to synodality as a possible solution to the thorny and painful problem of the restrictions imposed on the traditional liturgy, speculation has been rife ever since regarding concrete prospects for liturgical appeasement. The new norms established in 2021 by Traditionis Custodes, as is no longer a secret in Rome or throughout the Catholic world, far from calming the hearts, have only sown confusion among a great many baptized. The decisions contained in this text, unnecessarily vexatious and objectively problematic from the perspective of the most basic charity, have placed Church leaders in an uncomfortable and sometimes unpleasant position.
From the standpoint of the bishops, how can they not implement Traditionis Custodes without appearing disobedient to Rome? Conversely, how can Traditionis Custodes be implemented without needlessly persecuting the faithful who simply wish to live their faith according to the ancient liturgy? Some bishops, mindful of what Benedict XVI said about the Tridentine Rite: “What was sacred to previous generations remains great and sacred to us, and cannot suddenly become completely forbidden, or even considered harmful,” have clearly understood that explaining such a change of course is akin to trying to square the circle.
For the superiors of the communities still known as Ecclesia Dei, one can easily imagine the pain of once again being subjected to suspicion within the Catholic Church, when their energies were, on the contrary, dedicated to its service. How can this text be criticized without adding fuel to the fire? How can the faithful be reassured and still preserve their communion with them? How, more pragmatically, can one simply survive when so many bishops are all too happy to apply Traditionis Custodes with a zeal never seen before when the question was the implementation of Benedict XVI's Motu proprio Summorum Pontificum?
However, regarding this uncomfortable and sometimes unpleasant situation, let us state it here: the truly forgotten are the faithful themselves. Since the beginning of the liturgical reform and the serious upheavals associated with it, the faithful have been plunged into an abyss of incomprehension. Here, the indefensible is permitted, while there, what is proper is forbidden. Here, a bishop claims he is merely applying the new norms (while perhaps making their best effort to avoid acting with that authentic and noble inner freedom that sometimes makes one stand up and say "No!"), there, a priest of Ecclesia Dei tries to stay afloat by preserving the fragile edifice of the apostolate he serves. At what price? Most often, by holding back, for fear of having their ministry forbidden, by express order of the diocese, while being accused of an excess of initiative or an excess of orthodoxy… In both cases, however, it is the families who find themselves held hostage. To put it more precisely, they become, at their own expense, the victims of a cruel farse made up of unbalanced power dynamics and a distorted sensus fidei.
Thus, what a surprise it was for many faithful attached to the Tridentine Rite to discover, as the recent rumor goes, that a delegation of abbots was being formed at the initiative of Cardinal Sarah's publisher, Mr. Nicolas Diat, with a view to representing the traditionalist world before Pope Leo XIV. Would thus Fontgombault, Triors, and Lagrasse the ones surrounding Cardinal Sarah in order to represent the faithful attached to the old form at the highest level? While everyone is perfectly free to express their thoughts and possibly propose solutions to the liturgical problem as they see it, in this specific case, the method used is surprising. Indeed, if there is one mode of governance completely alien to the realities of the current world, it is religious life. And if there are privileged havens that have not experienced the liturgical vexations we have known of since Traditionis Custodes, it is these abbeys. Moreover, these monastic communities, considering their history and in view of the personalities of their current abbots, demonstrate a greater inclination to celebrate Mass in both rites than to consider the complaints of the faithful outside the cloisters, deprived of sacraments and urged to make amends for their liturgical preference. We saw the abbot of Fontgombault publicly oppose the organization of private Masses during the pilgrimage of Notre-Dame de Chrétienté, while his pronouncements are notably more timid when it comes to lamenting the liturgical purge and rehab against the Mass of Saint Pius V implemented in many dioceses of France.
Since Paix Liturgique has begun its activities, we have consistently reiterated that traditionalism cannot be understood without recognizing that it is since the beginning, and still is nowadays, the story of a wound and an injustice. It must not be forgotten that the faithful attached to the former liturgy were mercilessly mocked, excluded, ridiculed, caricatured, and ultimately confined to a kind of Indian reservation—a tactic by which the bishops of France and elsewhere thought they could resolve the issue of the survival of the Tridentine Rite. Today, what will become of Leo XIV's laudable desire to emerge from this painful history in a positive way, within and for the Church? Let us be very clear: this resolution to the crisis requires acknowledging this reality as the basis for dialogue. If the stakeholders in this synodal dialogue, both on behalf of the Church institutions as well as on the part of those abbots, deem it preferable to discreetly let a chaste veil fall over this original wound and injustice, then the beginnings of a way out of the crisis will remain at the stage of wishful thinking, as they have for nearly fifty years. And, as we know, wishful thinking has this exasperating quality: it is always useless and a waste of time.
Moreover, the question of the liturgical reform is closely linked to that of a particularly detestable clericalism. In the Church in France, for example, there is a forum for dialogue between two bishops representing the French Episcopal Conference (CEF) and the superiors of traditional priestly communities. Unfortunately, there is no equivalent official forum for dialogue with lay people committed to defending the traditional liturgy. Could this be because these faithful are less susceptible to fear or pressure from Church authorities? The importance of the laity's role, though emphasized in contemporary discourse within the Church, is reduced to nothing when it comes to the faithful attached to the Traditional Latin Mass. Their role is limited to the well-known maxim: "Pray, Pay, and Obey." A fatal error of perspective! The laity's commitment stems from the absolute necessity of passing on the faith to their children.
This is why, because we love the Church (and we certainly don't claim to be the only ones!), we yearn for a genuine dialogue between the Roman Catholic authorities and representatives who truly embody the traditional ecosystem: that is, faithful dedicated to the transmission of Tradition and the Church's constant teaching. We are ready to forgive the abuses of power and the malicious acts to which our spiritual family has been subjected. In truth, following Péguy's example, "we have no taste for the profession of arms," and we entrust to Our Lady our aspirations "for great peace and disarmament." But it is still necessary that we, the faithful, be able to bear witness, in that holy parrhesia praised by Pope Francis himself, to the concrete realities of our Christian lives as Catholics committed to the traditional pedagogies of the faith. These committed laypeople, representing the large cohort of silent individuals attached to the traditional mass, will be able, without any difficulty, and very respectfully, to bring up all the baptisms forbidden for their children when they nevertheless try to found Christian families, speak of the churches whose doors this or that cleric refuses to open for their wedding, whereas they are open to Protestants or to concerts with dubious melodies and irreverent lyrics, recount the adventure of the schools they have founded in order to transmit their faith to their descendants, the sacrifices they costed them and how that did not prevent the episcopal arrogance from falling upon them, when it is not a matter of shameless bad faith. Yes, better than abbots, these faithful on the ground, with their feet planted into the mud of the world, can also bear witness, in a positive way, to the admirable influence of the Tridentine liturgy on their souls, the souls of their friends, and the converts they know, and who are always younger and more numerous. These lay representatives of the traditional universe run schools, create scout groups and youth clubs, organize formation evenings, offer spiritual conferences, coordinate Gregorian chant sessions, gather goods for the poor, and fill adoration vigils. Yes, these committed faithful can show the Roman hierarchy, with factual documentation, the extent of the contradictions they encounter in their dioceses, solely for the reason of preferring the traditional ecosystem with its demanding, transcendent, and coherent spiritual nourishment.
With Pope Leo XIV, there are excellent reasons to hope for the resuming of the dialogue. That some group or other may wish to be able to express itself is one thing. But for a certain group to have the pretension of representing the whole is to risk a delegation that is not only partial or rigged, but also—with all due respect—disconnected. We are determined not to waste time, a time which is precious for liturgical peace. In order to move beyond preconceived notions and empty rhetoric, we cannot avoid an exchange based on the realities and daily lives of the faithful, with that freedom of expression that is inherent to them. Why? Because this exchange between the Pope and the faithful, between the Sovereign Pontiff and the humblest members of the Church, will be the most beautiful testimony of a father who is willing to listen to the suffering of his children in order to be able to find them the best remedy.
SOLO I LAICI POSSONO PRESENTARE
L'UNIVERSO TRADIZIONALE A PAPA LEONE
Dato che la religione musulmana si è diffusa in modo esponenziale in Francia, è chiaro che la Repubblica francese sta incontrando grandi difficoltà nel creare uno spazio costruttivo di dialogo con l'Islam. Diverse iniziative, sotto Sarkozy, Hollande e Macron, si sono concluse con fallimenti più o meno clamorosi. Naturalmente, la complessità organizzativa dell'Islam ha giocato un ruolo in questo. Infatti, fino ad ora, uno dei principali ostacoli alla fattibilità di un consiglio veramente rappresentativo per i musulmani in Francia risiede proprio nella sua… mancanza di rappresentatività. Quale autorità può avere un Consiglio francese del culto musulmano o un Comitato nazionale degli imam se nessuno dei due goderà di una legittimità riconosciuta dalla maggioranza dei credenti musulmani francesi?
Mentre Leone XIV, in un'intervista con la giornalista americana Elise Ann Allen pubblicata la scorsa estate, accennava alla possibilità di ricorrere alla sinodalità come possibile soluzione al problema spinoso e doloroso delle restrizioni imposte alla liturgia tradizionale, da allora si sono moltiplicate le speculazioni sulle prospettive concrete di pacificazione liturgica. Le nuove norme stabilite nel 2021 da Traditionis Custodes, come ormai non è più un segreto a Roma e in tutto il mondo cattolico, lungi dal placare gli animi e calmare i cuori, hanno solo seminato confusione tra moltissimi battezzati. Le decisioni contenute in questo testo, inutilmente vessatorie e oggettivamente problematiche dal punto di vista della più elementare carità, hanno posto i vertici della Chiesa in una posizione scomoda e talvolta molto spiacevole.
Dalla prospettiva dei vescovi, come possono non attuare la Traditionis Custodes senza apparire disobbedienti a Roma? E come possono mettere in pratica Traditionis Custodes senza dover perseguitare inutilmente i fedeli che desiderano semplicemente vivere la loro fede secondo l'antica liturgia? Alcuni vescovi, memori di quanto affermato da Benedetto XVI sul rito tridentino: "Ciò che era sacro per le generazioni precedenti rimane grande e sacro anche per noi, e non può improvvisamente essere completamente proibito, o addirittura considerato dannoso", hanno chiaramente compreso che spiegare questo nuovo cambiamento di rotta è come cercare di fare la quadratura del cerchio.
Per i superiori delle comunità ancora note come Ecclesia Dei, si può facilmente immaginare il dolore di essere nuovamente oggetto di sospetto all'interno della Chiesa cattolica, quando le loro energie sono state dedicate invece al suo servizio. Come si può criticare questo testo senza gettare benzina sul fuoco? Come possono da parte loro rassicurare i fedeli e riuscire preservare la loro comunione e fiducia? E infine e più pragmaticamente, come si può semplicemente sopravvivere quando così tanti vescovi sono fin troppo felici di applicare Traditionis Custodes con uno zelo mai visto prima nell'attuazione del Motu proprio Summorum Pontificum di Benedetto XVI?
Tuttavia, riguardo a questa situazione scomoda e a volte spiacevole, diciamolo subito: i veri dimenticati sono i fedeli stessi. Fin dall'inizio della riforma liturgica e dei gravi sconvolgimenti ad essa associati, i fedeli sono stati precipitati in un abisso di incomprensione. Qui, ecco che l'indifendibile è permesso, mentre lì, ciò che è giusto è proibito. Qui, un vescovo afferma di stare semplicemente applicando le nuove norme (chissà facendo uno sforzo per evitare di agire con quell'autentica e nobile libertà interiore che a volte spinge a dire "No!"), lì, un sacerdote Ecclesia Dei cerca di rimanere a galla preservando il fragile edificio dell'apostolato che serve. A quale prezzo? Il più delle volte, trattenendosi, per paura di vedersi proibito il ministero, per espresso ordine della diocesi, trovandosi accusato di eccesso di iniziative o di eccesso di ortodossia... In entrambi i casi, tuttavia, sono le famiglie a ritrovarsi prese in ostaggio. Per dirla più precisamente, diventano, a proprie spese, vittime di una crudele farsa tutta fatta di dinamiche di potere squilibrate e di un sensus fidei distorto e fuorviante.
Quale sorpresa, quindi, per molti fedeli legati al rito tridentino, il scoprire che, secondo una voce che gira di recente, su iniziativa dell'editore del cardinale Sarah, il signor Nicolas Diat, si starebbe formando una delegazione di abati con l'obiettivo di rappresentare il mondo tradizionalista presso Papa Leone XIV. Sarebbero per caso Fontgombault, Triors e Lagrasse a circondare il cardinale Sarah al fine di poter rappresentare al massimo livello i fedeli legati all’usus antiquior? Mentre ognuno è perfettamente libero di esprimere il proprio pensiero ed eventualmente proporre soluzioni al problema liturgico a suo piacimento, in questo caso specifico il metodo utilizzato desta non poca sorpresa. In effetti, se esiste una modalità di governo completamente estranea alle realtà del mondo attuale, è proprio la vita religiosa. E se ci sono rifugi privilegiati che non hanno sperimentato le vessazioni liturgiche che conosciamo fin da Traditionis Custodes, sono proprio queste abbazie. Inoltre, queste comunità monastiche, attraverso la loro storia e la personalità dei loro abati attuali, dimostrano una maggiore propensione a celebrare la Messa in entrambi i riti piuttosto che a considerare le lamentele dei fedeli fuori dai chiostri, privati dei sacramenti e sollecitati a fare come un’onorevole ritrattazione per le loro preferenze liturgiche. Abbiamo visto l'abate di Fontgombault opporsi pubblicamente all'organizzazione di Messe private durante il pellegrinaggio di Notre-Dame de Chrétienté, mentre i suoi pronunciamenti sono notevolmente più timidi quando si tratta di lamentare l'allontanamento liturgico dalla Messa di San Pio V attuato in molte diocesi di Francia.
Fin dall'inizio delle attività di Paix Liturgique, abbiamo costantemente ribadito che il tradizionalismo non può essere compreso senza riconoscere che è sempre stato, sin dall’inizio, e lo è tuttora, la storia di una ferita e di un'ingiustizia. I fedeli legati all'antica liturgia, bisogna dirlo, sono stati spietatamente derisi, esclusi, ridicolizzati, caricaturati e infine confinati in una sorta di riserva indiana – una tattica con cui i vescovi di Francia e di altri paesi pensavano di poter risolvere la questione della sopravvivenza del rito tridentino. Oggi, che ne sarà del lodevole desiderio di Leone XIV di emergere da questa dolorosa storia in modo positivo, all'interno e per la Chiesa? Bisogna essere chiari: questa risoluzione della crisi richiede il riconoscimento dell’esistenza questa realtà come base del dialogo. Se gli attori di questo dialogo sinodale, sia all'interno dell'istituzione ecclesiale che tra quelli abati, riterranno preferibile lasciar cadere un pudico velo su questa ferita e ingiustizia originarie, allora l'inizio di una via d'uscita dalla crisi rimarrà allo stadio di un pio desiderio, come è accaduto per quasi cinquant'anni. E, come sappiamo, il pio desiderio ha questa caratteristica esasperante: è sempre inutile e una perdita di tempo.
Inoltre, la questione della riforma liturgica è strettamente legata a quella di un clericalismo particolarmente detestabile. Nella Chiesa in Francia, ad esempio, esiste un forum di dialogo tra due vescovi rappresentanti della Conferenza Episcopale Francese (CEF) e i superiori delle comunità sacerdotali tradizionali. Purtroppo, non esiste un forum ufficiale equivalente per il dialogo con i laici impegnati a difendere la liturgia tradizionale. Forse perché questi fedeli sono meno soggetti alla paura o alle pressioni delle autorità ecclesiastiche? L'importanza del ruolo dei laici, sebbene enfatizzata nel discorso ecclesiale contemporaneo, è ridotta a nulla per quanto riguarda i fedeli legati alla Messa latina tradizionale. Il loro ruolo si limita al famoso "Pray, pay and obey!” Un errore di prospettiva fatale! L'impegno dei laici nasce dall'assoluta necessità di trasmettere la fede ai propri figli.
Per questo, poiché amiamo la Chiesa (e non pretendiamo certo di essere gli unici!), aneliamo a un dialogo autentico tra le autorità cattoliche romane e i rappresentanti che incarnano veramente l'ecosistema tradizionale: cioè i fedeli dediti alla trasmissione della Tradizione e dell'insegnamento costante della Chiesa. Siamo pronti a perdonare gli abusi di potere e gli atti dolosi a cui la nostra famiglia spirituale è stata sottoposta. In verità, seguendo l'esempio di Péguy, "non abbiamo alcun gusto per la professione delle armi" e affidiamo alla Madonna le nostre aspirazioni "per una grande pace e un disarmo". Ma è ancora necessario che noi fedeli, in quella santa parresia elogiata dallo stesso Papa Francesco, possiamo avere l’opportunità di dare il testimonio delle realtà concrete della nostra vita cristiana di cattolici impegnati nelle pedagogie tradizionali della fede. Questi laici impegnati, che rappresentano la grande schiera di individui silenziosi attaccati alla messa tradizionale, potranno, senza alcuna difficoltà e con molto rispetto, evocare i battesimi proibiti ai loro figli quando cercano comunque di fondare famiglie cristiane, parlare delle chiese le cui porte questo o quel chierico si rifiuta di aprire per le loro nozze quando sono aperte ai protestanti o a concerti con melodie dubbie e testi irriverenti, raccontare l'avventura delle scuole che hanno creato per trasmettere la fede ai loro discendenti, i sacrifici che li hanno costato, mas che invece non impediscono all'arroganza episcopale di ricadere su di loro, quando non si tratta di sfacciata malafede. Sì, meglio degli abati, questi fedeli che stanno nel terreno, con i piedi piantati nel fango del mondo, possono anche testimoniare, in modo positivo, l'ammirevole influenza della liturgia tridentina sulle loro anime, sulle anime dei loro amici e sui convertiti che costantemente vedono e che sono sempre più numerosi e più giovani. Gestiscono scuole, creano gruppi scout e circoli giovanili, organizzano serate di formazione, offrono conferenze spirituali, coordinano sessioni di canto gregoriano, si riuniscono per attività caritatevoli e animano veglie di adorazione. Sì, questi fedeli impegnati possono mostrare alla gerarchia romana, con fatti e documenti, la portata delle contraddizioni che incontrano nelle loro diocesi, unicamente per la ragione di preferire l'ecosistema tradizionale con il suo nutrimento spirituale esigente, trascendente e coerente.
Con Papa Leone XIV, c'è una straordinaria ragione per sperare nella ripresa del dialogo. Che una parte o l'altra voglia o sia in grado di esprimersi è una cosa. Ma che alcuni pretendano di poter rappresentare l'insieme significa rischiare avere una delegazione non solo parziale e finta ma anche – con tutto il rispetto – scollegata dalla realtà. Siamo determinati a non perdere tempo, un tempo che ci è prezioso per costruire la pace liturgica. Per andare oltre preconcetti e la vuota retorica, non possiamo esimerci da un confronto basato sulla realtà e sulla vita quotidiana dei fedeli, con la libertà di espressione che è loro propria. Perché? Perché questo scambio tra il Papa e i fedeli, tra il Sommo Pontefice e i membri più umili della Chiesa, sarà la più bella testimonianza di un padre disposto ad ascoltare la sofferenza dei suoi figli al fine di meglio poter trovarne un rimedio.
SOLO LOS SEGLARES PUEDEN PRESENTAR
EL UNIVERSO TRADICIONAL AL PAPA LEÓN
Dado que la religión musulmana se ha extendido exponencialmente en Francia, es evidente que la República Francesa enfrenta grandes dificultades para establecer un espacio constructivo de diálogo con el Islam. Diversas iniciativas, bajo los mandatos de Sarkozy, Hollande y Macron, han fracasado de manera más o menos rotunda. Sin duda, la complejidad organizativa del Islam ha influido. Pero hasta ahora, uno de los principales obstáculos para la viabilidad de un consejo verdaderamente representativo de los musulmanes en Francia reside precisamente en… su falta de representatividad. ¿Qué autoridad puede tener un Consejo Francés del Culto Musulmán o un propuesto Comité Nacional de Imanes si ninguno de ellos goza de legitimidad reconocida entre la mayoría de los creyentes musulmanes franceses?
Si bien León XIV, en una entrevista con la periodista estadounidense Elise Ann Allen publicada el verano pasado, aludió a la posibilidad de recurrir a la sinodalidad como una posible solución al espinoso y doloroso problema de las restricciones impuestas a la liturgia tradicional, desde entonces se ha especulado mucho sobre las perspectivas concretas para una solución litúrgica. Las nuevas normas establecidas en 2021 por la Traditionis Custodes, como ya es de dominio público en Roma y en todo el mundo católico, lejos de tranquilizar, solo han sembrado confusión entre muchos bautizados. Las decisiones contenidas en este texto, innecesariamente gravosas y objetivamente problemáticas desde la perspectiva de la caridad más básica, han colocado a los líderes de la Iglesia en una posición incómoda y, a veces, desagradable.
Desde la perspectiva de los obispos, ¿cómo pueden no implementar Traditionis Custodes sin parecer desobedientes a Roma? ¿Cómo pueden implementarla sin perseguir innecesariamente a los fieles que simplemente desean vivir su fe según la antigua liturgia? Algunos obispos, conscientes de lo que Benedicto XVI dijo sobre el rito tridentino: «Lo que fue sagrado para las generaciones anteriores sigue siendo grande y sagrado para nosotros, y no puede de repente prohibirse por completo, ni siquiera considerarse dañino», han comprendido claramente que explicar este cambio de rumbo es como intentar cuadrar el círculo.
Para los superiores de las comunidades que aún se conocen como Ecclesia Dei, es fácil imaginar el dolor de ser nuevamente objeto de sospecha dentro de la Iglesia católica, cuando, por el contrario, dedicaron sus energías a su servicio. ¿Cómo criticar este texto sin echar leña al fuego? ¿Cómo tranquilizar a los fieles y preservar su comunión con ellos? ¿Cómo, en términos más pragmáticos, sobrevivir cuando tantos obispos se apresuran a aplicar la Traditionis Custodes con un celo nunca visto en la implementación del Motu proprio Summorum Pontificum de Benedicto XVI?
Sin embargo, ante esta situación incómoda y a veces desagradable, cabe decirlo: los verdaderamente olvidados son los propios fieles. Desde el inicio de la reforma litúrgica y las graves convulsiones que la acompañaron, los fieles se han visto sumidos en un abismo de incomprensión. Aquí se permite lo indefendible, mientras que allá se prohíbe lo correcto. Aquí, un obispo alega que simplemente aplica las nuevas normas (para evitar actuar con esa auténtica y noble libertad interior que a veces impulsa a uno a levantarse y decir «¡No!»); allá, un sacerdote de la Iglesia de Dios intenta mantenerse a flote preservando el frágil edificio del apostolado que sirve. ¿A qué precio? Con frecuencia, reprimiéndose, por temor a que se les prohíba su ministerio, por orden expresa del obispado, viéndose acusado de exceso de iniciativas o exceso de ortodoxia… En ambos casos, sin embargo, son las familias las que se encuentran rehenes. Para ser más precisos, se convierten, a su costa, en víctimas de una cruel farsa compuesta por dinámicas de poder desequilibradas y de un sensus fidei distorsionado.
Por tanto, qué sorpresa supuso para muchos fieles del rito tridentino descubrir, como un rumor reciente, que se estaba formando una delegación de abades por iniciativa del editor del cardenal Sarah, el señor Nicolas Diat, con el fin de representar al mundo tradicionalista ante el papa León XIV. ¿Acaso Fontgombault, Triors y Lagrasse rodearían al cardenal Sarah para representar a los fieles apegados a la forma antigua al más alto nivel? Si bien todos son libres de expresar sus opiniones y proponer soluciones al problema litúrgico desde su perspectiva, en este caso concreto, el método empleado resulta sorprendente. En efecto, si hay una forma de gobierno completamente ajena a las realidades del mundo actual, es la vida religiosa. Y si existen refugios privilegiados que no han experimentado las tribulaciones litúrgicas que conocemos después de Traditionis Custodes, son estas abadías. Es más, estas comunidades monásticas, a través de su historia y las personalidades actuales de sus abades, demuestran una mayor inclinación a celebrar la Misa en ambos ritos que a considerar las quejas de los fieles fuera del claustro, privados de sacramentos e instados a enmendar su preferencia litúrgica. Vimos al abad de Fontgombault oponerse públicamente a la organización de Misas privadas durante la peregrinación de Notre-Dame de Chrétienté, mientras que sus declaraciones son notablemente más tímidas a la hora de lamentar el abandono litúrgico de la Misa de San Pío V implementado en muchas diócesis de Francia.
Desde el inicio de los trabajos de Paix Liturgique, hemos reiterado que el tradicionalismo no puede comprenderse sin reconocer que, en su esencia, sigue siendo la historia de una herida y una injusticia. Cabe mencionar que aquellos fieles apegados a la antigua liturgia fueron objeto de burlas despiadadas, excluidos, ridiculizados, caricaturizados y, finalmente, confinados a una especie de reserva indígena, una táctica con la que los obispos de Francia y otros lugares creían poder resolver el problema de la supervivencia del rito tridentino. Hoy, ¿qué será del loable deseo de León XIV de superar esta dolorosa historia de manera positiva, dentro y para la Iglesia? Seamos claros: esta resolución a la crisis exige reconocer esta realidad como base para el diálogo. Si los participantes en este diálogo sinodal, tanto de parte de la institución eclesiástica como de parte de estos abades, consideran preferible cubrir con un velo púdico esta herida e injusticia originales, entonces los primeros indicios de una salida a la crisis se quedarán en meras ilusiones, como ha sucedido durante casi cincuenta años. Y, como sabemos, las ilusiones tienen una cualidad exasperante: siempre son inútiles y una pérdida de tiempo.
Además, la cuestión de la reforma litúrgica está estrechamente ligada a la de un clericalismo particularmente detestable. En la Iglesia en Francia, por ejemplo, existe un foro de diálogo entre dos obispos que representan a la Conferencia Episcopal Francesa (CEF) y los superiores de las comunidades sacerdotales tradicionales. Lamentablemente, no existe un foro oficial equivalente para el diálogo con los laicos comprometidos con la defensa de la liturgia tradicional. ¿Podría deberse esto a que estos fieles son menos susceptibles al miedo o a la presión de las autoridades eclesiásticas? La importancia del papel de los laicos, aunque enfatizada en el discurso eclesial contemporáneo, se reduce a la nada para los fieles que participan de la Misa Tradicional en Latín. Su papel se limita al conocido «Pray, Pay and Obey». ¡Un error de perspectiva fatal! El compromiso de los laicos surge de la absoluta necesidad de transmitir la fe a sus hijos.
Por eso, porque amamos a la Iglesia (¡y ciertamente no somos los únicos!), anhelamos un diálogo genuino entre las autoridades católicas y los representantes que realmente encarnan el ecosistema tradicional: es decir, los fieles dedicados a la transmisión de la Tradición y la enseñanza constante de la Iglesia. Estamos dispuestos a perdonar los abusos de poder y los actos maliciosos a los que se ha visto sometida nuestra familia espiritual. En verdad, siguiendo el ejemplo de Péguy, «no nos gusta la profesión de las armas», y encomendamos a la Virgen María nuestras aspiraciones «de gran paz y desarme». Pero aún es necesario que nosotros, los fieles, podamos dar testimonio, en una santa parresía elogiada por el mismo Papa Francisco, de las realidades concretas de nuestra vida cristiana como católicos comprometidos con las enseñanzas tradicionales de la fe. Estos laicos comprometidos, que representan al amplio colectivo de personas que, en silencio, siguen la misa tradicional, podrán, sin dificultad alguna y con gran respeto, evocar los bautismos prohibidos para sus hijos cuando, a pesar de ello, intentan fundar familias cristianas; hablar de las iglesias cuyas puertas tal o cual clérigo se niega a abrir para su boda cuando están abiertas a protestantes o a conciertos con melodías dudosas y letras irreverentes; relatar la aventura de las escuelas que han creado para transmitir la fe a sus descendientes, los sacrificios que les han costado y que, aun cuando no se trata de una descarada mala fe, no les impiden sufrir la arrogancia episcopal. Sí, mejor que los abades, estos fieles que están en el terreno, con los pies clavado en la lama del mundo, también pueden dar testimonio, de manera positiva, de la admirable influencia de la liturgia tridentina en sus almas, en las de sus amigos y en las de los conversos a quienes acompañan constantemente. Dirigen escuelas, crean grupos scouts y clubes juveniles, organizan noches de formación, ofrecen conferencias espirituales, coordinan sesiones de canto gregoriano, se reúnen para la evangelización y participan en vigilias de adoración. Sí, estos fieles comprometidos pueden mostrar a la jerarquía romana, con documentación que lo avala, la magnitud de las contradicciones que encuentran en sus diócesis, simplemente por preferir el ecosistema tradicional con su alimento espiritual exigente, trascendente y coherente.
Con el Papa León XIV, hay una razón extraordinaria para albergar la esperanza de la reanudación del diálogo. Que una parte u otra desee o pueda expresarse es una cosa. Que algunos consideren representar a la totalidad implica el riesgo de una delegación no solo parcial y escamoteada, sino también —con el debido respeto— desconectada. Estamos decididos a no perder tiempo, este precioso tiempo para la paz litúrgica. Para superar ideas preconcebidas y retórica vacía, no podemos eludir un diálogo basado en las realidades y la vida cotidiana de los fieles, con la libertad de expresión que les es inherente. ¿Por qué? Porque este diálogo entre el Papa y los fieles, entre el Sumo Pontífice y los miembros más humildes de la Iglesia, será el testimonio más bello de un padre dispuesto a escuchar el sufrimiento de sus hijos para encontrarles el mejor remedio.




