Notre lettre 1222 publiée le 13 juin 2025

POUR LE BIEN DES FIDÈLES

DU DIOCÈSE DU VAR

ET POUR BEAUCOUP D'AUTRES

NOUS IMPLORONS

LE SAINT-PÈRE

DE SIFFLER LA FIN DE PARTIE

DU CHAMBOULE-TOUT

UNE CHRONIQUE
DE PHILIPPE DE LABRIOLLE

La démission contrainte de Mgr Rey faisait suite à une pression romaine assez lancinante, après un an de cohabitation avec un coadjuteur aux dents longues. Pas encore dopé par ses complices romains, Mgr Touvet, lorsqu’il était évêque de Chalons en Champagne, fréquentait volontiers son aîné et mentor Mgr de Fréjus-Toulon. En 2022, Golias raillait ce lien dont la revue redoutait la sincérité et l’éventuel regain de fécondité presbytérale dans la Marne, à l’école de son ami méridional.

N’ayant, en huit ans d’épiscopat champenois, ordonné qu’un seul prêtre, l’Ordinaire de Chalons s’enquérait, et c’est tout à son honneur, de la méthode varoise, et des 41 ordinations de son confrère, sur un petit quart de siècle. Loin de l’américanisme dénoncé par Léon XIII, Mgr Rey n’entendait pas « faire du chiffre » pour y voir une élection divine, mais multiplier les pasteurs ordonnés pour le bien d’un peuple exsangue sur le plan spirituel. La martingale performante en intriguait plus d’un, tant elle ressemblait à ce qu’il fallait déclarer périmé.

Ce 04/06/25, la lettre de Paix Liturgique s’efforce d’induire des faits observables l’esprit qui préside aux changements décidés par Mgr Touvet, seul maître à bord depuis la fin janvier. Deux griefs dominaient ouvertement, mais sans convaincre, la réprobation servie à son prédécesseur. Le plus banal était celui de comptes diocésains en déficit, dont chacun sait l’effet métonymique. Un mauvais comptable ne peut être qu’un méchant homme. Un flambeur. Un dispendieux. Un Verrès. Mais en quoi l’officier de marine pressenti est-il plus qualifié qu’un expert-comptable pour contrôler un budget compliqué ? Et depuis quand un prêtre actif coûte-t-il plus qu’il n’engrange ? Depuis toujours, là oû il reçoit, le fidèle donne. Certaines paroisses sont plus riches que d’autres, certes, mais le diocèse redistribue avec pertinence.

Assurément, l’attractivité du diocèse du Var se devait d’être factice, illusoire, trompeuse. Il fallait dénoncer à tout prix l’arnaque, la spoliation du bien d’autrui, le siphonnage éhonté des autres diocèses. Le diocèse du Var avait-il, par quelque alchimie sulfureuse, trouvé le moyen d’attirer des mouches avec du vinaigre ? Combien de prêtres ont-ils souhaité devenir prêtre par amour du Christ et de l’Église, si ce n’est aussi par admiration pour Mgr Rey ? Mais qu’est ce qu’il a de plus que nous celui-là ? Ce recrutement qui nous fait honte doit être stoppé et son ressort pervers exposé publiquement...Cherchons et nous trouverons. Il a les poches trouées ?

 C’est là qu’apparaît le deuxième grief, lequel, faute de pouvoir faire son miel dans le domaine des mœurs personnelles de Mgr Rey, déplace l’urgente déconsidération morale en ciblant le discernement du prélat dans son appel à la prêtrise. Sa mission la plus spécifique, en somme. Mais l’angle d’attaque est à double tranchant. Si le discernement suppose un tri, bien des Ordinaires aimeraient avoir l’embarras du tri. En effet, la plupart des évêques français aimeraient, sous l’hommage d’un recrutement d’une prudence de sioux, dissimuler leur stérilité. Alors, ce non-discernement, cela dure depuis combien de temps ? Depuis l’an 2000 ?

Le 30 janvier 2025, Golias Hebdo, suite à la démission de Mgr Rey, appelait le diocèse du Var à « trouver un nouveau souffle ». « (…) François Touvet voit se dresser devant lui un chantier d’envergure dont il ne se cache pas (sic!) tout en ménageant le bilan catastrophique de son prédécesseur ». Cette condamnation sans appel n’engage que Golias, qui note que le 14 janvier précédent, le nouveau promu excluait de « faire le ménage », mais seulement « d’ajuster » les situations là oû le besoin s’en fait sentir. De quelle « catastrophe » pouvait-il bien s’agir, sinon dans l’imaginaire de Golias, victime du « stade du miroir » ?

Pour déconsidérer Mgr Rey, ainsi que la dizaine de bons évêques français décidés à rester catholiques selon les responsabilités rappelées par Vatican II (Lumen Gentium 20:27), Golias enfonce le clou : pas moins de 52 prêtres, soit 20 % du presbytérium du Var, sont déclarés « en difficultés », connaissant selon lui des « problèmes », « moraux », « canoniques » ou « judiciaires ». En vrac. D’où sort ce chiffre ? « Une conséquence directe de la politique de Dominique Rey qui, sous couvert de dynamisme vocationnel, a ordonné tous azimuts de jeunes hommes, sans mener les vérifications nécessaires, prenant parfois des personnes refusées ailleurs ». Non, on a peine à en croire ses yeux ? Golias plaiderait-il pour un fichier des proscrits. Désavoué ici, désavoué partout ? Si les mots de Golias ne dépassent pas sa pensée, il y a du totalitaire chez ces gens là. A quand un Interpol des suspects en sus du Trombinoscope ?

A moins que Golias ne se constitue partie civile aux côtés des victimes (anonymes) d’un démiurge irresponsable ? Le même article déplore sans le chiffrer « un nombre anormal d’abandon du ministère sacerdotal », dont on suppose l’officine affligée. C’est vraisemblablement la très haute idée du sacerdoce tridentin qui conduit le pôle le plus anti-clérical du lobby médiatique se disant d’Église à dénoncer le recrutement, la déformation, la victimisation de jeunes éphèbes au pedigree inconnu, envoyés avec leur consentement comme des brebis au milieu des loups...de la Côte d’Azur.

Nul doute que Golias, s’il disposait d’un ou de plusieurs noms parmi les présumés 52 « outlaws », se montrerait compassionnel vis à vis de quiconque aurait à se plaindre d’avoir été accueilli après avoir été récusé ailleurs, formé par de bons maîtres plutôt que livré à soi-même, ordonné une fois instruit plutôt que refusé aux ordres pour défiance vis à vis du concile Vatican II ? Y a-t-il un dommage objectif au fait d’être intégré là où on souhaite l’être ? La départementalisation des appelés sent son jacobinisme tatillon. Les diocèses français stériles sont-ils gênés de drainer les prêtres africains qui manqueront à leur pays d’origine ? Toute cette mauvaise foi donne la nausée.

Hommage paradoxal du vice à la vertu : Golias prend acte du fait que plus de deux cents prêtres varois ne se plaignent pas de leur sort. D’un tel score de 80 % de satisfaits, quel gouvernement ne se réjouirait comme d’un triomphe ? Certainement lecteurs de Jean Jacques Rousseau et de son « Contrat Social », les plumes de Golias ne sauraient ignorer que les minorités ont tort, dès lors que les chiffres ont parlé, si l’on peut dire. Quant au souci des siens, le genevois montrait l’exemple de la paternité responsable en confiant à l’Assistance Publique les cinq enfants que lui a donné Thérèse Levasseur...

La Communauté Saint Martin, dont le Var fut le pied-à-terre dans l’hexagone dès les années 80, est d’accord pour aller voir ailleurs. Pensez donc ! On la réclame de partout. Ayant largement approuvé la gestion de Mgr Rey, et contribué à la vitalité spirituelle d’un diocèse que Mgr Madec avait su maintenir durant les années de plomb, les fils de Mgr Guérin doivent ils en rédimer désormais ? Moins de prêtres dans le Var, c’est un bon début, n’est ce pas Golias ? Quant au Séminaire de la Castille, il faut être varois pour y entrer ? « Le Concile du Vatican déclare que la personne humaine a droit à la liberté religieuse » déclare « Dignitatis Humanae », mais pas celui d’intégrer un séminaire français vraiment catholique ? Quelle absurdité ! Le cerbère Touvet ferme les portes. D’évêque, le voilà douanier, naïf comme le peintre Henri Rousseau. Il « ajuste » en hurlant avec les loups. Il a mal choisi son camp : le lobby épiscopal français est en faillite. N’est ce pas, Golias ? (cf Trombinoscope 2024/2025). Il s’est trouvé un bouc émissaire, qui n’a pas le droit d’être innocent, car s’il l’était, ou que les charges soient minimes, il aurait à subir un retour de manivelle.

Un nouveau Pape occupe le siège de Pierre, et, contrairement à son prédécesseur, il n’a rien du brigand Procuste. Que lui demander, sinon de siffler la fin de partie au jeu de « qui perd gagne », qui n’amuse personne ayant atteint l’âge de raison.

Philippe de Labriolle

Psychiatre Honoraire des Hôpitaux

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