Notre lettre 1190 publiée le 25 avril 2025

DE PROFUNDIS

UNE RÉFLEXION
DE PHILIPPE DE LABRIOLLE

Il y a un mois, une bronchite sévère paraissait devoir emporter le Pape régnant. Une hospitalisation en soins intensifs aura permis un regain de vitalité, épuisé en ces fêtes pascales. L’effet brièvement dilatoire du zèle médical aura consisté en de nouvelles décisions confusionnantes. Ayant sifflé la fin de ce jeu délétère, la Providence donne à Son Église un temps de soulagement.

Le lobby qui assurait la promotion du Cardinal Martini de longue date avait pris acte de la maladie de son mentor, et s’était accordé avec lui pour lui substituer un autre cardinal jésuite, José Maria Bergoglio, fort mal connu des uns et des autres. Ce dernier, mal considéré en Argentine pour son potentiel conflictuel, avait bénéficié de la bienveillance personnelle de l’archevêque de Buenos Aires, le Cardinal Quarraccino, lequel, estimé du Pape Jean Paul II, obtiendra que son protégé devint son coadjuteur, puis Cardinal.

D’aucuns rapporteront qu’au contact fréquent de son successeur annoncé, le bienfaiteur se mordra les doigts de sa bienfaisance. Expert en zizanie, le futur archevêque en titre montra rapidement sa violence vis à vis des non-alignés sur sa Grandeur. Promu par défaut par le groupe de Saint Gall, devenu par le jeu des alliances le challenger du Cardinal Ratzinger lors du Conclave de 2005, il aurait jeté rapidement l’éponge, attendant son heure.

En 2013, Benoît XVI, ancien théologien-expert au Concile, dans l’équipe du Cardinal Frings et de Hans Küng, après un louable effort de restauration ecclésiale, notamment à la faveur du Motu Proprio du 07/07/2017 libéralisant l’usage de la liturgie traditionnelle, a concentré contre lui beaucoup d’hostilité et en a conçu une souffrance oppressante. Cet enseignant brillantissime, ne sachant pas gouverner par gros temps, a résigné sa mission de Vicaire du Christ. Il survivra dix ans à sa démission, assez pour voir son successeur éreinter son œuvre et ses efforts.

L’heure n’est pas au bilan approfondi. Que reste-t-il, intuitivement, du défunt Pape ? En premier lieu, sa violence vis à vis de ce qui l’incommode, à rebours de la prudence d’un Pasteur. La Curie, caricaturée urbi et orbi, sommée de se plier à sa main ; sa haine de la liturgie traditionnelle ; ses prises de position pro-migrants qui montrent son incompréhension des réalités politiques et des équilibres sociétaux ; ses coups de force vis à vis des Franciscains de l’Immaculée, de l’Ordre de Malte, de la malheureuse mère Marie Ferréol, son combat contre la théologie du mariage. Inutile, aujourd’hui, de prétendre à l’exhaustivité. Ce Pape n’aimait pas les catholiques autant que ceux ci étaient en droit de l’être par lui, et ses tentatives pour séduire les ennemis de l’Église ont fait long feu. Il a, somme toute, déçu tout le monde.

Le plus grave, à notre sens, tient en la relégation de son titre de Vicaire du Christ en simple « titre historique », tel que l’annuaire pontifical de l’année 2000 en dévoilait le forfait. Que souhaiter, en priorité, pour l’Église du Christ en sa composante militante, sinon un véritable Vicaire s’assumant comme tel, et demandant au Christ les grâces nécessaires à l’accomplissement de sa mission de Salut des âmes ? Que le haut-clergé par trop silencieux revienne de son inertie pour soutenir celui dont la Providence permettra l’élection, afin que, grâce à elle, les âmes de bonne volonté sachent discerner leur bien et celui des leurs.

Face au Juste Juge, le défunt du jour a répondu de sa conduite. Il reste à chacun le souci de discerner, parmi les faits publics de son gouvernement, ceux qui ont contibué à montrer le chemin du Ciel, et ceux qui, en croyant favoriser une fraternité universelle illusoire, ont flagellé le Christ souffrant par cet avatar moderne de la tour de Babel. Concédons au Pape Bergoglio une justice ultime : sa violence d’autocrate a aidé les vrais catholiques, et au-delà, les hommes de bonne volonté, à percevoir que sa gnose et son manque de charité, c’est à dire d’amour de Dieu et du prochain, démasquaient son égarement personnel. 

Les débats des années soixante-dix ne sont plus d’actualité. Un mauvais Pape n’est pas nécessairement un faux pape. Des parents négligents ne sont pas de faux parents. Le Pape François n’aimait pas l’Église telle que le Christ l’avait fondée, pour soutenir contre le monde un combat sans relâche. Celui qui dédaignait d’être Son Vicaire a fait du mal à l’Église. Il a répondu de ses actes, et ne manquera pas aux fidèles dédaignés. Désormais, prions pour qu’advienne un Bon Pasteur, qui aime ses brebis, et que ses brebis puissent aimer.


Philippe de Labriolle

Psychiatre Honoraire des Hôpitaux

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