Notre lettre 1192 publiée le 28 avril 2025

POUR LA PAIX DANS L'ÉGLISE

ET LA LIBERTÉ POUR

LA LITURGIE TRADITIONNELLE

APRÈS LE TEMPS DE DÉMOLIR
PRIONS QUE VIENNE LE TEMPS DE CONSTRUIRE

On peut émettre bien des jugements sur le pontificat qui s’est achevé. Une chose, négativement, est certaine : il n’aura nullement encouragé la paix à l’intérieur du catholicisme. Ses prises de position morales ont profondément divisé. Et son motu proprio Traditionis custodes a réinstallé une guerre liturgique que Summorum Pontificum avait contribué à apaiser.

Mais, dit l’Ecclésiaste (3, 1, 3), « il y a un moment pour tout et un temps pour toute chose sous le ciel […], un temps pour tuer et un temps pour guérir, un temps pour démolir et un temps pour construire. » Eh bien, c’est aujourd’hui le temps pour guérir, c’est maintenant le temps pour bâtir.


Pour la Paix de l’Église

Bien que l’analogie historique soit très imparfaite, du fait d’abord que les partisans de la liturgie traditionnelle sont on ne peut plus éloignés des thèses jansénistes, nous voudrions rappeler un exemple historique intéressant, celui de la « Paix clémentine » de 1669, une Paix de l’Église, établie pour apaiser la grande crise qui secoua l’Église de France au XVIIe et au XVIIIe siècle. La Paix clémentine ou « Paix de l'Église » voulue par le pape Clément IX pour la France, où l’épiscopat, les universités, le clergé, les parlements, se déchiraient dans les infinies polémiques de l’affaire janséniste.

Dans l’état de déréliction où se trouve aujourd’hui l’Église en Occident, qui voit ses fidèles s’écarter de toute pratique religieuse, les séminaires fermer leurs portes, la mission s’éteindre, les finances ecclésiastiques s’épuiser, la persécution des célébrations traditionnelles a-t-elle un sens ?

Il est vrai que les assemblées paroissiales autour de la messe ancienne sont toujours plus importantes, d’un âge moyen beaucoup plus bas que celui des paroisses ordinaires. Elles sont composées de familles en majorité jeunes. Les vocations qu’attire cette forme de culte fait que les séminaires traditionnels sont pleins. Les conversions, spécialement de jeunes gens, y sont nombreuses. Y a-t-il encore lieu à des jalousies stériles ? Il est clair que la politique consistant à marginaliser, brimer, persécuter cette une partie du monde catholique, loin d’être majoritaire mais extrêmement vivace, est à la longue intenable.

Le jeune clergé diocésain compte d’ailleurs un nombre notable de séminaristes et jeunes prêtres très favorables aux formes anciennes. L’ensemble de ces clercs, bien plus classiques que leurs aînés des générations précédentes, ne comprend pas la guerre faite par les autorités à une partie des prêtres et fidèles.

Sans parler du gâchis en personnel ecclésiastique à l’heure où l’on est devenu si pauvre. Les prêtres « spécialisés » formés dans les séminaires traditionnels ne demanderaient pas mieux que de rendre des services pour des pastorales « transversales », au service des malades dans les paroisses ou dans les hôpitaux, en assurant un certain nombre d’aumôneries, etc. Et pour le plus grand bien de tous, en premier lieu pour le bien de la paix et l’immense satisfaction de leurs paroissiens, des curés, s’ils en avaient la liberté, assureraient volontiers l’une et l’autre forme du culte.


Pour la liberté de la liturgie traditionnelle

Il est devenu évident qu’en vertu de la liberté de l’Église une pleine liberté de se développer devrait être laissée aux forces vives qui se manifestent encore au sein d’un catholicisme agonisant, remplissent encore des églises, engendrent des vocations, développent la mission. Au milieu de celles-là, est la part de catholiques qui se regroupent autour de la vie cultuelle traditionnelle. Si dans le monde occidental, le catholicisme est en passe de disparaître de l’espace public, la célébration digne et sainte de la liturgie qu’offre la liturgie traditionnelle est assurément l’un des éléments d’une possible renaissance et d’un nouvel élan missionnaire.

Or, contre toute justice et d’abord contre tout bon sens, on n’accorde à cette liturgie que quelques espaces de vie, mesurés, au mieux tolérés. Ce qui est d’autant plus dénué de sens que toutes les entreprises de réduction de cette liturgie se sont avérées inutiles : aucune des mesures dont on a voulu l’accabler ne l’ont empêchée de se répandre (en Europe, en Amérique mais aujourd’hui dans plus de 100 pays ou le liturgie traditionnelle est vivante) et de consolider la foi et la piété de ceux qui la pratiquent.

Nous évoquions les fruits de croissance des vocations et de conversion qu’elle procure. Autour d’elle fleurissent des œuvres de jeunesse, des œuvres scolaires, un enseignement catéchétique solide. Et puis, c’est un fait massif, que représente de manière emblématique le pèlerinage de Chartres et les autres pèlerinages qui s’organisent aujourd’hui en France et dans le monde : la liturgie traditionnelle attire les jeunes. Au sein d’une hémorragie de la croyance, elle est un moyen avéré de transmission de la foi, notamment dans les familles, et de conservation de la pratique religieuse.

Jean-Pierre Maugendre, directeur général de Renaissance catholique, dans l’appel qu’il a lancé en sept langues en faveur de la liberté de la liturgie traditionnelle le 21 avril 2024, et qui a été repris dans le monde entier sur revues, sites et réseaux sociaux comme exprimant avec évidence un sentiment universellement partagé, disait : « Nous demandons simplement, au titre de la liberté de l’Église, que soit reconnue la liberté pleine et entière de la liturgie traditionnelle, avec le libre usage de tous ses livres, afin que, sans entrave, dans le rite latin, tous les fidèles puissent en bénéficier et tous les clercs la célébrer. »


« Laissez-faire », « laissez-vivre »

Cette mesure bienfaisante, Jean-Pierre Maugendre précisait, et nous le faisons à notre tour, qu’elle ne nécessite aucune législation supplémentaire, par exemple la publication d’un nouveau motu proprio nouveau qui viendrait contredire celui du pape François.

Il suffit que les autorités d’Église décident le plus simplement du monde d’une cessation pratique des mesures coercitives contre la liturgie ancienne. Il suffit, sans rien changer, d’un « laissez-faire » dans la charité . Il ne s’agit de rien d’autre, au fond, que de l’application du conseil que Gamaliel donnait aux Juifs à propos des premiers chrétiens : «À présent, je vous le dis, ne vous occupez pas de ces gens-là, laissez-les. Car si leur propos ou leur œuvre vient des hommes, il se détruira de lui-même. Mais si vraiment il vient de Dieu, vous n'arriverez pas à les détruire. Ne risquez pas de vous trouver en guerre contre Dieu » (Actes 5, 38-39).

Cette attitude pacifiante est ainsi la plus simple à réaliser qui soit, laissant la liberté concrète sous la forme d’un « laissez-vivre » partout et sans entrave la liturgie immémoriale de l’Église latine.

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