Notre lettre 1017 publiée le 21 mars 2024

DISCOURS DE CLOTURE
DE L'ASSEMBLEE PLENIERE
DE LA CONFERENCE DES EVEQUES DE FRANCE
DU 8 NOVEMBRE 2023

LA CHRONIQUE DE PHILIPPE DE LABRIOLLE
UN GRAND MOMENT DE FOURBERIE



Lu ou relu avec le recul nécessaire à la mise en perspective que nous suggérons, le discours de clôture de l’assemblée plénière de la conférence des évêques de France, énoncé par son président le 8 novembre 2023 est un grand moment de fourberie.

Le sinistre Mgr de Moulins-Beaufort est un joueur de bonneteau. Un joueur triste, auquel n’échappe aucun sourire pendant quarante laborieuses minutes. Et un triste joueur, qui camoufle la vérité catholique, adossé à Saint Paul, lequel, récemment revisité par des experts, se prêterait à des interprétations innovantes. Voyez-vous ça !

La politique de rupture avec le kérygme catholique, au nom de sa perception directe et privilégiée des vues célestes, met le prélat, depuis son discours-programme de 2012, en ces mêmes lieu et place, dans la nécessité d’adopter la prudence d’un sioux, à moins que ce ne soit celle d’un serpent dont la sonnette est désactivée.

L’axiologie de l’archevêque de Reims est celle de GS 22-5. Qu’est-ce à dire ? Cet index renvoie à la Constitution Pastorale Gaudium et Spes, du Concile Vatican II. De ce texte, dans son discours du 07/12/65 aux membres des missions extraordinaires, Paul VI vaticinait qu’il « passera sans doute à l’histoire comme un des documents majeurs de ce Concile », et ceci, quoique la catégorie de « constitution pastorale » soit d’une autorité canonique imaginaire.

Que dit GS 22-5 : le contraire de l’enseignement constant du Magistère. Mais encore ? Voici : « Nous devons tenir que l’Esprit-Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associé au mystère pascal. » Où est la subversion dans cette phrase, dont l’irénisme pourrait en séduire plus d’un. Si l’Esprit-Saint, en cheville avec Dieu (que l’on supposera être le Père, sinon le Christ serait nommé) s’est employé à disqualifier la mission commandée par Notre Seigneur, notamment en préalable à son Ascension, et à savonner la planche des plus zélés, la simple perspective de cette trinité en bisbille est suffisamment ridicule pour qu’on s’en détourne.

Ainsi peut-on lire (Mc, XVI, 15) : « Allez par le monde entier prêcher l’évangile à toute créature. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui ne croira pas sera condamné. » Le Magistère a fait sien cet énoncé du compagnon de Saint Pierre, qui établit quelle importance le Christ entendait donner, à la diffusion la plus large du mystère pascal, les atouts de son choix : prédication et baptême comme initiation chrétienne nécessaire au Salut. Plusieurs textes du Concile Vatican II en confirme les termes.

En quoi GS 22-5 est-il une arnaque ? Parce qu’en contradiction totale avec l’Evangile et la Tradition, « Nous devons tenir » que l’Esprit-Saint contredit les directives du Verbe incarné, en assumant d’une manière « que Dieu connaît », mais inconnue du Christ et étrangère à la Révélation, la présentation impeccable du Mystère Pascal, si ordinairement défiguré par les voies missionnaires classiques. Il y a du jésuite de Lubac derrière ce mépris.

GS 22-5 dézingue toute notion de propagation par le truchement du témoignage, et Moulins-Beaufort fustige lui-même, ce 08/11/23, toute mission visant à accroitre les adhésions (sic). S’il estime vain de se tourmenter à la considération de la pente des courbes fonctionnelles dans l‘Eglise, c’est parce qu’il se fait le héraut d’un « Avenir » qui n’a cure de ces queues de poire. L’Avenir est ce que Dieu en fera, et non le produit d’activistes à l’ancienne. De cet « Avenir », vous avez compris que Moulins-Beaufort le démiurge en sera le premier informé, et le garant, pourvu qu’on la boucle autour de lui.

C’est, du reste, l’image que l’Assemblée de Lourdes donne à son mentor. Tous ces télémaques écoutent l’inspiré religieusement, comme des enfants sages, leur exposer sa gnose, qui peut-être est d’ores et déjà la leur. Serviteurs inutiles, nous nous flattons de laisser Dieu faire ce qui Lui convient. Depuis GS 22-5, Dieu n’a plus besoin des hommes, si ce n’est pour diffuser le message de ce licenciement général.

La gnose qui contredit frontalement l’Evangile excipe de ses objectifs ultimes. La fraternité universelle, déjà présente dans la déclaration « Nostra Aetate », n’a cure des conversions. Elle requiert la cohabitation pacifique de toutes les convictions, car aucune n’est spécifiquement salvatrice, et qu’un « cessez-le-feu » général est un préalable à la Paix. Inutile de s’agiter pour quelque bonne cause prétendue. Dieu voulant le Salut de tous les hommes, Il s’offrira la prérogative d’imposer à l’intégralité du genre humain l’éternité en Sa compagnie. Volens, nolens

Pourquoi pas ? Mais pourquoi tenir « Son Fils bien aimé, en qui il a mis toutes Ses complaisances », à l’écart de l’apocatastase ultime, lui infligeant un désaveu cuisant ? Aberrant ! Mais soyons réalistes : quand le projet est tordu, la réalisation est souvent bancale. Moulins-Beaufort le stratège vaniteux, pourrait tirer quelque frisson de jouissance à stériliser tout zèle missionnaire, en convainquant les rares ressources humaines qui lui restent, par des formations diverses à cette fin, que l’Eglise d’hier s’était trompée, faute d’avoir compris la logique guerrière où sa prédication conquérante mais obsolète la conduisait. A vrai dire, ce travail de sape a commencé il y a un demi-siècle, avec GS 22-5.

Cette rupture de cohérence, dans un Eglise exsangue dont le vide amplifie l’écho, côtoie l’abime : pourquoi rester dans une institution périmée, plutôt que de mettre la clé sous la porte ? Ce qui est vrai des fidèles, source des dons en espèces, l’est plus encore des clercs, que Moulins-Beaufort voudrait former au débinage du passé. Ce travail requiert des ouvriers, pour un sale boulot d’apostat, et éreinter l’Eglise pour en déconsidérer la voix publique, notamment sur les sujets « de société » où, les mitres ayant susurré, elles prétendaient avoir agi. Pacifiquement bien sûr. Le sang qui coule, par l’effet de leur lâcheté, n’est pas celui de la CEF. Dieu merci ? Les jeunes séminaristes de France, réunis récemment à Paris, sont-ils partants pour l’arnaque. Rien n’est moins sûr…

Le mandat de président de la CEF touche à sa fin. Bien sûr, il en redemande. Il a pris goût au pouvoir de leurrer ses semblables. Le triste sire nous a assez enfumés comme ça. Je suggère aux évêques encore catholiques de constituer une forte minorité de blocage, ou mieux encore…


Dr. Philippe de Labriolle

Psychiatre Honoraire des Hôpitaux

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